L’histoire illustre les difficultés de coordination qu’il peut y avoir entre Etat, régions et administrations dans cette crise sanitaire sans précédent. Mardi 31 mars, aux alentours de 10 heures, un bus de la compagnie d’autocars Schidler, aménagé en transport médicalisé, part du CHU de Reims. A son bord, huit patients atteints du Covid-19 et considérés en « pré-réanimation », ainsi que trois médecins. Ils font route vers l’hôpital de Tours, qui a accepté de les prendre en charge pour délester les hôpitaux de Reims, saturés comme nombre d’autres établissements de la région Grand-Est. Un transfert annoncé la veille par le CHU de Reims dans un communiqué.
Quelques jours plus tôt, le 27 mars, un autre autocar avait déjà fait la route jusqu’à Orléans pour transporter six autres patients. Mais, si ce premier transport s’est déroulé sans problème, ce n’est pas le cas du second : au bout d’une heure trente de route, le chauffeur reçoit un appel du CHU de Reims, lui ordonnant de faire demi-tour.
« Quand la réactivité des professionnels de santé de terrain se heurte à la bureaucratie parisienne. Juste honteux ! », section CGT du CHU de Reims
A bord du bus, c’est la stupéfaction. A Tours et à Reims également. Et depuis, la colère ne retombe pas. Louis Bernard, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Tours, a expliqué son incompréhension lors d’une téléconférence de presse : « Nous avions tous accepté, la direction générale du CHU et nous, médecins, d’accueillir ces patients de Reims, qui étaient dans le couloir de leur hôpital. »
« Quand la réactivité des professionnels de santé de terrain se heurte à la bureaucratie parisienne. Juste honteux ! », a réagi, sur Facebook, la section CGT du CHU de Reims. « Imposer le retour d’un bus Covid de huit malades qui a nécessité un gros travail d’équipes surchargées alors que le CHU de Reims et la région manquent de lits de réa, c’est incompréhensible », dénonce le professeur Stéphane Larré, urologue au CHU de Reims.
Qui a ordonné ce demi-tour ? Contactée par Le Monde, l’Agence régionale de santé du Grand-Est admet un « couac », dommageable tant pour les patients que pour l’image donnée de désorganisation. Dans un communiqué, elle a expliqué mercredi 1er avril que les patients transportés n’étaient pas prioritaires. « Ce sont les services de réanimation qui sont les plus en tension en ce moment, donc on privilégie les transferts de malades en réanimation », a précisé Christophe Lannelongue, directeur de l’agence.
Il vous reste 46.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.